Les centres de femmes ne sont pas des ressources d’hébergement pour femmes
Les centres de femmes au Québec forment un réseau de ressources enracinées dans des communautés rurales et urbaines. Ils ont développé une expertise dont la pierre angulaire est la polyvalence ; elle leur permet d’intervenir d’amont en aval, sur plusieurs fronts, dont celui de la violence faite aux femmes.
Les centres sont ouverts à toutes les femmes et leur approche globale, non compartimentée, stimule une démarche d’appropriation du pouvoir d’être et d’agir sur le plan individuel et collectif. Les femmes peuvent ainsi consolider leur estime d’elles-mêmes en apprenant à s’affirmer et à exprimer leurs besoins, leurs intérêts et leurs désirs.
Les centres de femmes se réfèrent généralement aux définitions du Comité canadien sur la violence faite aux femmes et à la Politique québécoise sur l’intervention en matière de violence conjugale. La violence a plusieurs formes : psychologique, verbale, physique, sexuelle, économique. Elle peut se manifester dans la famille, dans le couple, au travail, dans les logements, dans les institutions, dans la rue… La violence a des conséquences néfastes sur l’ensemble de la vie des femmes et celle de leurs enfants. Les centres croient que les statistiques ne révèlent qu’une partie de la situation réelle, elles ne font pas état des situations de violence vécues en silence et non déclarées.
La sensibilisation et la prévention
Les centres développent divers moyens afin de sensibiliser la population à la violence et de rejoindre les femmes isolées qui auraient besoin de soutien. Certains publient un bulletin de liaison, utilisent la télé communautaire, les journaux, la radio ; d’autres ont un site Internet, se rendent dans les écoles, cégeps et universités. Des projets sont menés dans plusieurs localités, des journées thématiques sont organisées, des colloques, des activités théâtrales, etc.
Dans leur programmation, les centres offrent des activités de prévention qui sont autant de moyens pour briser l’isolement des femmes et leur permettre de faire une démarche de conscientisation. Des activités sont mises sur pied lors d’événements spéciaux tels Les 12 jours d’action contre les violences faites aux femmes ou encore La Journée de commémoration et d’action contre la violence faite aux femmes le 6 décembre où ils distribuent chandelles et rubans blancs. Des centres font aussi de la prévention auprès des jeunes, notamment dans les écoles secondaires.
Le dépistage, le soutien individuel et les groupes d’entraide
À travers le soutien individuel, les groupes d’entraide, l’écoute téléphonique, les cafés rencontres, les centres offrent aux femmes la possibilité d’entreprendre une démarche qui permet, dans un premier temps, d’aider à identifier et à nommer des situations de violence, puis d’élaborer des stratégies pour s’en sortir. Ils transmettent de l’information sur les différentes formes de violence, le cycle et l’escalade de la violence. Le travail sur l’estime et sur l’affirmation de soi est au cœur des échanges offrant ainsi à chaque femme l’occasion de se réapproprier du pouvoir sur sa vie.
L’accompagnement et la sécurite des femmes
L’accompagnement vise à soutenir les femmes durant les différentes étapes qu’elles auront à vivre pour solutionner leur problème et pour réorganiser leur vie. Selon les besoins, les femmes seront soutenues dans leurs démarches auprès de l’aide sociale et du système judiciaire ou elles seront référées auprès d’autres ressources de la communauté.
Certains centres ont développé une expertise dans le domaine juridique qui permet d’aider les femmes dans leur préparation lors de la déposition de la plainte à la police, de leurs démarches avec le procureur ainsi qu’à la Cour. Certains autres peuvent outiller les centres de femmes dans les situations de séparation, de divorce et de garde d’enfants. D’autres mesures concrètes s’articulent autour d’un scénario de protection afin d’assurer la sécurité des femmes. De plus, les centres font des références vers des ressources qui sont appropriées à leur situation de violence ou à leurs besoins particuliers.
La formation
Certains centres sont clairement identifiés comme organisme ressource en matière de violence dans leur milieu d’appartenance. Des intervenantes ont développé une expertise reconnue et sont sollicitées à titre de personnes-ressources lors de formation, de colloques et autres événements. Par ailleurs, les centres diffusent leurs productions: guides d’intervention pédagogique, productions vidéo, cahiers d’animation d’atelier, etc.
La solidarité, le partenariat et la concertation
Les centres connaissent l’importance de la collaboration et de la concertation pour réussir à changer les mentalités et contrer la violence faite aux femmes. Les centres participent à des comités de travail et des tables de concertation concernant la violence tant au niveau local, régional que national.
L’intervention auprès des femmes à la croisée des oppressions
L’intervention en violence auprès des femmes à la croisée des oppressions, celles qui vivent de multiples discriminations, exige une analyse et une approche qui tiennent compte de leur parcours à elles et des facettes de leur réalité qui sont parfois méconnues de l’intervenante. À travers des formations, les centres approfondissent leur compréhension de ces réalités complexes et adaptent leurs interventions. En plus, la défense des droits de toutes les femmes occupe une place importante. Nous sommes solidaires des luttes et des revendications des femmes à la croisée des oppressions.
Pour un Québec engagé à contrer toute forme de violence faite aux femmes, il faut que les actions de défense et de promotion des droits des femmes se développent davantage. La transformation des mentalités fait partie des conditions gagnantes. L’approche des centres suscite une prise de conscience individuelle et collective qui peut mener à des transformations sociales. Avec et pour les femmes, les centres poursuivent leurs actions pour mettre un terme à la violence et gardent bien vivante la mission de changement social dont ils sont porteurs.
Source: https://rcentres.qc.ca/violences-faites-aux-femmes/